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  DU JAMAIS VU
A s'en tenir à l'Evangile on sait si peu de chose sur saint Joseph qu'on ne peut développer qu'en inventant. C'est ce que font à loisir et plaisir orateurs, écrivains, artistes. Encore faut-il, au sein de la fantaisie imaginative, garder cohérence?. Au moins avec des données traditionnelles, et entre elles si possible. En se gardant aussi d'un coup d'œil trop étroit.

Partons de l'acquis. Tout le monde s'accorde à faire mourir Joseph avant l'entrée de Jésus en sa vie publique, c'est-à-dire lorsque celui-ci avait "environ trente ans" (Lc.3,23). Ce qui peut s'appuyer sur le qualificatif le concernant de "charpentier et fils de Marie" qu'on lui donne lors de sa première visite de prophète à Nazareth (Mc.6,3). Il est vrai qu'on l'appelle encore à ce même moment "fils de Joseph" (Lc.3,22), mais c'est moins significatif de son état qu'une relation affirmée avec la mère seule. Quel âge pouvait bien avoir Joseph à cette époque? Si nous "marions" à l'âge habituel des garçons d'alors pour fonder famille, vers les 25 ans, cela lui fait du 55 ans plus ou moins. Un bel âge déjà pour l'époque, disons même celui d'un Ancien, un presque vieillard.

C'est comme tel d'ailleurs qu'on a coutume de le représenter sur son lit de mort, entre une épouse légèrement plus jeune et un grand fils, un fils adulte, homme fait.

Mais pourquoi faut-il le peindre en son atelier que dans la force de l'âge avec un garçonnet, enfant ou tout ou plus jeune adolescent ? Ce fut fondé mais ne le resta qu'un temps. Or, a-t-on jamais vu peinture d'un Joseph vieilli, courbé sur son établi, ou tenant d'en-bas l'échelle à risque pour y laisser monter Jésus, d'un Joseph encore fidèle au poste ( parce qu'il le faut bien, on a ses habitudes, sa clientèle, ses commandes ...) Mais se préparant, de toute évidence, à passer la main? Il y a désormais une succession assurée ... Au moins "pour l'extérieur" ... N'est-ce pas ainsi que s'opère la transmission d'une profession en famille ?

Sans nous obliger à faire mourir Joseph autrement que "tout le monde", c'est à dire dans son lit, hors accident et maladie grave, tout simplement de vieillesse, nous l'avons mis pour un temps quelque peu en retrait dans son atelier... Où Marie, épouse attentive, lui apporte à boire et éponge sa sueur...

Mais jamais pinceau n'a voulu reproduire, voire supposer telle chose, comme si c'était peu digne pour un tel Patriarche ... Que va ! (exclamation espagnole : "comment ça?!)

A la découverte d'un prince discret (P. Francis VOLLE C.P.C.R.)
Editions Joyeuse Lumière, 21 bis rue Dareau, 75014 Paris, Tel. 01 45 81 08 73