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  SUPPLEMENT : JOSEPH L'OMBRE DU PERE
Par Jan Dobraczsnski
(préface du cardinal Wysinski)
C'est la vie romancée de saint Joseph. Par delà les fantaisies et inventions de l'auteur (sur 312 pages!) Le projet en est à la fois puissant et subtil: discerner la purification progressive du cœur de notre Saint à travers les épreuves de son élection singulière. Résumons cela:

Joseph vit à Bethleem, héritier reconnu de la famille davidique. Devant l'insistance de sa parenté de le voir marié il va consulter ses cousins Zacharie et Elisabeth. Ceux-ci lui vantent les mérites de Myriam dont ils ont été les tuteurs et abrité sous leur toit lorsqu'elle est devenue orpheline et qui vit actuellement à Nazareth, chez sa sœur aînée, épouse de Cléophas.

Joseph la rencontre près du village. Il s'éprend vite d'elle. Un courant silencieux semble passer entre les deux jeunes gens. Après quelques semaines Joseph fait sa demande en mariage. Stupéfaction du soupirant devant la réponse de l'élue : "C'est que je ne suis pas libre. Pour plaire à l'Eternel, hâter la venue du Messie, interprétant en ce sens le langage de fleurs blanches qui, à deux reprises, ont semblé m'y inviter, je lui ai consacré ma virginité."

L'intéressé en tombe des nues, se voyant ainsi privé tout à la fois des expressions normales de tendresse entre époux et de la perspective d'avoir des enfants par Myriam. Mais il l'aime tellement qu'il est disposé à la prendre comme elle est, dans une vie sponsale virginale des deux cotés. C'est là le premier émondage de son cœur par l'épée tranchante du Seigneur. Un autre , plus sanglant encore, va suivre.

Un beau matin, Joseph apprend, par Cléophas qui en est tout honteux, le départ sans préavis de Myriam pour Aïn-Karim. C'est l'épisode de la Visitation. Trois mois de silence jusqu'à la réapparition de la jeune fille. "Joseph, ta fiancée est de retour. Tu l'as vue ?", disent goguenardes les voisines. Le sous-entendu est clair: "Elle est enceinte. Eh bien, vous n'avez pas perdu votre temps !"

Joseph est bouleversé. Sa tête éclate. Il n'y comprend rien. Ou plutôt il ne comprend qu'une chose : bien qu'il ne la soupçonne en rien, Myriam est perdue pour lui. Il faut tout mettre " à plat". Cléophas, pour son compte, l'accable de reproches. Il partira donc; prenant sur lui l'humiliation publique conséquente. De désespoir il se roule par terre, dans les champs. C'est là pour lui le deuxième passage de l'épée purificatrice.

Après des heures d'effroyable épreuve, intervient l'ange du Seigneur. Mettant en surbrillance pour Joseph, lui livrant ainsi leur vrai sens, les paroles prophétiques d'Isaïe au roi Achaz: " Voici que la vierge concevra et enfantera un fils..." La vierge, l'almah hébraïque, la parthenos des Septante, la muchacha, la femme à peine sortie de l'adolescence. "Fils de David, ne crains pas, prends-la dans ta maison ..." , s'entend-il dire apparemment d'une fleur blanche, très odoriférante, mystérieusement apparue - et disparue auprès de lui... C'est la grande révélation. Tout change pour Joseph avec elle.

Il apprendra ensuite de Myriam son secret : une colonne de feu lui a parlé, comme le Buisson ardent l'avait fait à Moïse. C'est comme Gabriel et son message. Quelle issue !

Six mois plus tard c'est le voyage à Bethléem. Les frères et cousins de Joseph, redoutant pour eux les soupçons et colères de l'ombrageux Hérode, se sont donnés le mot pour ne pas l'accueillir. L'enfantement à lieu dans une grange. Notre romancier invente un mot sur les lèvres de Myriam lorsqu'elle dépose le bébé dans les bras de Joseph, un mot qui dévoile parfaitement le fils directeur principal de son ouvrage. Elle lui demande : "Tu l'aimeras ?" Etrange, pas vrai? C'est qu'elle a compris depuis longtemps quelles pensées affleuraient parfois l'esprit de son époux: "Je me dévouerai corps et âme; bien sûr, pour l'Envoyé de Yavé, mais il est l'enfant de sa mère, pas le mien. Je ne suis qu'un prête-nom, un faire-valoir, une ombre..." Notre auteur fera peu à peu passer Joseph, de cet amour indirect et comme en ricochet envers Jésus, à un amour direct, personnalisé, d'un cœur totalement épris. Myriam l'y aidera : "Notre Jésus, ton enfant..."

Le séjour en Egypte durera plusieurs années. L'enfant est mis à l'école rabbinique locale. Le maître finit par dire à ses parents: "Votre petit est vraiment très doué. Nous n'avons plus grand chose à lui apprendre. Vous devriez favoriser le développement de ses talents auprès des Docteurs de Jérusalem". C'est le motif du retour en Palestine de la Sainte Famille. Joseph s'interroge sur la conduite à tenir. Après l'épisode du Temple, l'enfant Jésus exprime son refus d'aller à l'école des grands rabbins: "Ils savent beaucoup de choses, mais leur cœur est sec." On retournera donc à Nazareth. Joseph reste pensif sur l'identité de son fils et son rôle auprès de lui.

Un dernier épisode va ouvrir ses yeux la-dessus. Avant l'aube il s'est levé un jour pour aller prier dans les champs mais il discerne, dans la brume, quelqu'un qui l'y a devancé. C'est un garçon bien connu qui parle à haute voix, debout, les bras levés vers le ciel: "Abba, Père !"

Une autre tentation a visité parfois Joseph, concernant cette fois les rapports époux-épouse. Le décalage dignité et mission est si grand entre eux ! L'Enfant divin n'est-t-il pas venu, en s'interposant, en affaissant le lien ? Joseph se croit insignifiant. Myriam l'aime-t-elle encore comme un vrai mari ?

Lorsque le soleil est à son zénith il n'admet plus d'ombres sur sa verticale. Joseph peut mourir.

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On aimerait pouvoir lire en français ce roman qui en est à peine un, il a mérité d'être préfacé par un vigilant Primat de Pologne et en était , en 1998, à sa 14 ème édition sous les Presses espagnoles "Palabra" de Madrid.

A la découverte d'un prince discret (P. Francis VOLLE C.P.C.R.)
Editions Joyeuse Lumière, 21 bis rue Dareau, 75014 Paris, Tel. 01 45 81 08 73