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  LE GARDIEN DU REDEMPTEUR
Redemptoris Custos, tel est le titre de l'exhortation apostolique que Jean Paul II vient de proclamer (15 août 1989). Elle est consacrée à saint Joseph. Rien que ce titre situe cette exhortation dans le sillage des encycliques Redemptoris hominis (le Rédempteur de l'homme) et Redemptoris Mater (la Mère du Rédempteur.)

Pie IX a proclamé saint Joseph Patron de l'Eglise catholique le 8 décembre 1870. Léon XIII dans l'encyclique Quamquam pluries du 15 août 1889 exhortait à le prier pour obtenir sa protection. Jean XXIII avait décidé d'inscrire son nom au canon de la messe, avant les Apôtres, les souverains pontifes et les martyrs. Ne l'avons-nous pas un peu oublié...

Voici le titre des six parties de cette exhortation:

I LE CONTEXTE EVANGELIQUE. LE MARIAGE AVEC MARIE.
II LE DEPOSITAIRE DU MYSTERE DE DIEU
III. L'HOMME JUSTE - L'EPOUX.
IV LE TRAVAIL, L'EXPRESSION DE L'AMOUR
V LA PRIMAUTE DE LA VIE INTERIEURE.
VI PATRON DE L'EGLISE DE NOTRE TEMPS


Quelques extraits des chapitres Il et VI :

II. DEPOSITAIRE DU MYSTERE DE DIEU

Le service de la Paternité Comme il résulte des textes évangéliques, le mariage de Marie est le fondement juridique de la paternité de Joseph. C'est pour assurer une présence paternelle auprès de Jésus que Dieu choisit Joseph comme époux de Marie. Il s'ensuit que la paternité de Joseph - relation qui le place le plus près possible du Christ, fin de toute élection et de toute prédestination (Cf Rm 8.28-29) - passe par le mariage avec Marie, c'est-à-dire par la famille.

Tout en affirmant clairement que Jésus a été conçu par le trait de l'Esprit saint et que dans ce mariage la virginité a été préservée (Cf Mt 1, 18-25 ; Lc 1,26-38), les évangélistes appellent Joseph l'époux de Marie et Marie l'épouse de Joseph (Cf Mt 1, 16-18, 20-24 et Lc 1,27 ; 2,5).

Pour l'Eglise aussi, s'il est important de proclamer la conception virginale de Jésus, il est non moins important de défendre le mariage de Marie avec Joseph, car, juridiquement, c'est de lui que dépend la paternité de Joseph. On comprend alors pourquoi les générations ont été énumérées selon la généalogie de Joseph : " Pourquoi se demande saint Augustin, n'auraient-elles pas dû être celles de Joseph ? Joseph n'était-il pas l'époux de Marie? [ ... ] L'Ecriture affirme, par la voix autorisée de l'Ange, qu'il était son époux. Ne crains pas, dit-il, de prendre chez toi Marie, ton épouse : ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit saint. Il reçoit l'ordre de donner à l'enfant son nom, bien qu'il ne soit pas né de lui. Elle enfantera un fils dit-il, auquel tu donneras le nom de Jésus. L'Ecriture sait bien que Jésus n'est pas né de Joseph, puisque, alors qu'il était préoccupé au sujet de l'origine de la maternité de Marie, il lui est dit: cela vient de l'Esprit Saint. Et pourtant, l' autorité paternelle ne lui est pas enlevée puisqu'il lui est ordonné de donner à l'enfant son nom. Enfin, la Vierge Marie elle-même, qui a bien conscience de ne pas avoir conçu le Christ par l'union conjugale avec lui l'appelle cependant père du Christ. "

Le fils de Marie est aussi fils de Joseph en vertu du lien matrimonial qui les unit: " En raison de ce mariage fidèle, ils méritèrent tous les deux d'être appelés les parents du Christ, non seulement elle, d'être appelée sa mère, mais lui aussi d'être appelé son père, de même qu'époux de sa mère, car il était l'un et l'autre par l'esprit et non par la chair. " Dans ce mariage, il ne manqua rien de ce qui était nécessaire pour le constituer: " En ces père et mère du Christ se sont réalisés tous les biens du mariage : la progéniture, la fidélité, le sacrement. Nous connaissons la progéniture, qui est le Seigneur Jésus lui-même ; la fidélité, car il n'y a aucun adultère; le sacrement, car il n'y a aucun divorce. "

Quand ils analysent la nature du mariage, saint Augustin comme saint Thomas considèrent constamment qu'elle réside dans l"" union indivisible des esprits ", dans l' " union des cœurs ", dans le " consentement ", tous éléments qui se sont manifestés d'une manière exemplaire dans ce mariage. Au point culminant de l'histoire du salut, quand Dieu révèle son amour pour l'humanité par le don du Verbe, c'est précisément le mariage de Marie et de Joseph qui réalise en pleine " liberté " le " don sponsal de soi " en accueillant et en exprimant un tel amour. " Dans cette grande entreprise du renouvellement de toutes choses dans le Christ, le mariage, lui aussi purifié et renouvelé, devient une réalité nouvelle, un sacrement de la Nouvelle Alliance. Et voici qu'au seuil du Nouveau Testament comme à l'entrée de l'Ancien se dresse un couple. Mais, tandis que celui d'Adam et Eve fut la source du mal qui a déferlé sur le monde, celui de Joseph et de Marie est le sommet d'où la sainteté se répand sur toute la terre. Le Sauveur a commencé l'œuvre du salut par cette union virginale et sainte où se manifeste sa toute puissante volonté de purifier et sanctifier la famille, ce sanctuaire de l'amour et ce berceau de vie. "

Que d'enseignements en découlent aujourd'hui pour la famille! Puisque, " en définitive, l'essence de la famille et ses devoirs sont définis par l'amour " et que " la famille reçoit la mission de garder, de révéler et de communiquer l'amour, reflet vivant et participation réelle de l'amour de Dieu pour l'humanité et de l'amour du Christ Seigneur pour l'Eglise son Epouse ", c'est dans la Sainte Famille, cette " Eglise en miniature " par excellence, que toutes les familles chrétiennes doivent trouver leur reflet. En elle, en effet, " par un mystérieux dessein de Dieu, le Fils de Dieu a vécu caché durant de longues années. Elle est donc le prototype et l'exemple de toutes les familles chrétiennes. "

VI. PATRON DE L'EGLISE DE NOTRE TEMPS

En des temps difficiles pour l'Eglise, Pie IX, voulant la confier à la protection spéciale du saint patriarche Joseph, le déclara " Patron de l'Eglise catholique " Le Pape savait que son geste n'était pas hors de propos car, en raison de la très haute dignité accordée par Dieu à ce fidèle serviteur, "l'Eglise, après la Vierge Sainte son épouse, a toujours tenu en grand honneur le bienheureux Joseph, elle l'a comblé de louanges et a recouru de préférence à lui dans les difficultés. "

Quels sont les motifs d'une telle confiance ? Léon XIII les énumère ainsi : " Les raisons et les motifs spéciaux pour lesquels saint Joseph est nommément le patron de l'Eglise et qui font que l'Eglise espère beaucoup, en retour, de sa protection et de son patronage, sont que Joseph fut l'époux de Marie et qu'il fut réputé le père de Jésus-Christ. (... ) Joseph était le gardien. L'administrateur et le défenseur légitime et naturel de la maison divine dont il était le chef [ ... ] Il est donc naturel et très digne du bienheureux Joseph que, de même qu'il subvenait autrefois à tous les besoins de la famille de Nazareth et l'entourait saintement de sa protection, il couvre maintenant de son céleste patronage et défende l'Eglise de Jésus-Christ. "

Ce patronage doit être invoqué, et il est toujours nécessaire à l'Eglise, non seulement pour la défendre contre les dangers sans cesse renaissants mais aussi et surtout pour la soutenir dans ses efforts redoublés d'évangélisation du monde et de nouvelle évangélisation des pays et des nations "où - comme je l'ai écrit dans l'exhortation apostolique Christifideles laici- la religion et la vie chrétienne étaient autrefois on ne peut plus florissantes " et qui " sont maintenant mis à dure épreuve. " Pour apporter la première annonce du Christ ou pour la présenter à nouveau là où elle a été délaissée ou oubliée l'Eglise a besoin d'une particulière " force d'en haut " ( Cf Lc 24, 49; Ac 1, 8), don de l'Esprit du Seigneur, assurément, mais non sans lien avec l'intercession et l'exemple de ses Saints.

En plus de la protection efficace de Joseph, l'Eglise a confiance en son exemple insigne, exemple qui ne concerne pas tel état de vie particulier mais est proposé à toute la communauté chrétienne, quelles que soient en elle la condition et les tâches de chaque fidèle.

L'Eglise transforme ces exigences en prière. Rappelant que Dieu, à l'aube des temps nouveaux, a confié à saint Joseph la garde des mystères du salut, elle lui demande de lui accorder de collaborer fidèlement à l'œuvre du salut, de lui donner un cœur sans partage, à l'exemple de saint Joseph qui s'est consacré tout entier à servir le Verbe incarné, de nous faire vivre dans la justice et la sainteté, soutenus par l'exemple et la prière de saint Joseph.

Déjà, il y a cent ans, le pape Léon XIII exhortait le monde catholique à prier pour obtenir la protection de saint Joseph, patron de toute l'Eglise L'encyclique Quamquam pluries se référait à l'amour paternel " dont saint Joseph " entourait l'enfant Jésus ", et à ce " très sage gardien de la divine Famille ", elle recommandait " l'héritage que Jésus a acquis de son sang. " Depuis lors, I'Eglise, comme je l'ai rappelé au début, implore la protection de Joseph " par l'affection qui l'a uni à la Vierge immaculée, Mère de Dieu " et elle lui confie tous ses soucis, en raison notamment des menaces qui pèsent sur la famille humaine.

Aujourd'hui encore, nous avons de nombreux motifs pour prier de la même manière.

Ici le Pape évoque plusieurs passages de la prière à saint Joseph composée par Léon XIII le 8 décembre 1889. N'est-ce pas là une invitation discrète à remettre en honneur cette prière pour les besoins actuels de l'Eglise ?

" Aujourd'hui encore, nous avons des motifs permanents de recommander chaque personne à saint Joseph.

Je souhaite vivement que la présente évocation de la figure de Joseph renouvelle en nous aussi les accents de la prière que mon prédécesseur, il y a un siècle, recommanda d'élever vers lui. Il est certain, en effet, que cette prière et la figure même de Joseph ont acquis un renouveau d'actualité pour l'Eglise de notre temps, en rapport avec le nouveau millénaire chrétien. "

(Jean-Paul Il, 15 août 1989.) Pour un monde meilleur N°240

A la découverte d'un prince discret (P. Francis VOLLE C.P.C.R.)
Editions Joyeuse Lumière, 21 bis rue Dareau, 75014 Paris, Tel. 01 45 81 08 73