page d'accueil     A L'ECOLE D'UN MAITRE DU SILENCE : SAINT JOSEPH Ce numéro de la revue "Virgo fidelis" se veut notamment une exaltation de Saint Joseph sous l'angle de sa "vie silencieuse". Termes qui sonnent comme un pléonasme : comme si on pouvait voir notre Saint autrement que silencieux ! Effectivement tous les auteurs qui nous ont laissé leur pensée par écrit (lire ceux que présente Mgr Villepelet aux Éditions "La Colombe"), tous ou presque, de Saint Bernard au Cardinal Martin, exaltent à qui mieux-mieux cette disposition intérieure : un Joseph retiré en lui-même, souverainement contemplatif quoi qu'il fasse au dehors. Une idée apologétique est sous-jacente à une telle présentation du charpentier de Nazareth : c'est que nous avons besoin de silence et donc du modèle qui semble plus que d'autres nous sauter aux yeux en sa personne. Celui qui fut archevêque de Rouen (mort en 1976) l'explicite pour ses diocésains dans une lettre pastorale de Carême "Le silence de Saint Joseph n'était pas seulement un silence de réserve et de prudence c'était aussi un silence de recueillement et d'union à Dieu ... Je souhaite à mes diocésains de mettre du silence vie, un silence qui ressemble à celui de Saint Joseph : celui de la prière, des lectures saintes, de la méditation, de la messe et de l'Eucharistie. Ces bienfaisants silences pendant lesquels l'âme découvre Dieu, parce que Dieu n'aime pas le bruit, révèle ses splendeurs aux âmes qui le cherchent, loin des affaires du monde, dans le recueillement de l'esprit. Je vous livre cette pensé d'un auteur contemporain : "Bienheureux ceux dont le silence est la patrie, et la parole un voyage de charité, qu'ils font au pays de ceux qui les entourent". C'est beau ! Presque trop, oui trop ! On veut bien d'une part que Saint Joseph ne fut pas bavard, mais enfin son métier et sa condition sociale lui imposaient des conversations "comme tout le monde" ; d'autre part, l'agitation accélérée de nos vies nous oblige à maintenir la vie intérieure par des moyens supplémentaires à ceux que recommande l'archevêque de Rouen, supplémentaires ou différents. Pour des prêtres, il s'agira de sauvegarder l'hygiène du temps ( se coucher avec les complies !) prendre une journée de repos par semaine, quelques semaines vacances en montagne si possible ... Sans oublier l'ascèse concernant la source principale du cinéma intérieur, ennemi numéro un du silence, qu'est la télévision. Aidez-nous en cela, Joseph, même si nous ne vous le demandons pas explicitement. Vous avez été tellement privilégié, vous ! Votre vie "campagnarde" est si distante de la nôtre en général aujourd'hui ! Vous vous y perdriez ! J'ai fait mes réserves. Elles me sont inspirées par ce que je crois comprendre d' une vie sociale bien plus développée chez Joseph qu'on a coutume de le dire (Saint Bernard portait bien avec lui toute la solitude de Clairvaux lorsqu'il courait le monde) et par la nécessité présente de vivre dans le bruit ; mais je ne nie aucunement qu'à fréquenter l'époux de Marie d'une façon systématique nous n'arrivions à une contagion d'intériorisation. J'ose parler un peu pour moi, pour d'autres que je connais aussi. Une belle image fournie par Ernest Hello (1828-1885) nous attirera dans ce sous-sol, écrit : "Quand l'aigle plane, disent certains voyageurs, le pèlerin altéré devine une source à l'endroit où tombe son ombre dans le désert. Le pèlerin creuse, l'eau jaillit. L'aigle avait parlé son langage, il avait plané. Mais la chose belle avait été une chose utile ; et celui qui avait soif comprenant le langage de l'aigle, avait fouillé le sable et trouvé l'eau. Quoiqu'il en soit de cette magnifique légende et de sa vérité naturelle que je n'ose elle est féconde en symboles superbes. Quand l'ombre de Saint Joseph tombe quelque part, le silence n'est pas loin. Il faut creuser le sable, et vous verrez jaillir l'eau. L'eau ce sera, si vous voulez, ce silence profond, où toutes les paroles sont contenues, ce silence vivifiant, rafraîchissant, apaisant, désaltérant, le silence substantiel ; là où est tombée l'ombre de saint Joseph, 1a substance du silence jaillit, profonde et pure, de la nature humaine creusée". Complétons : La maîtrise du silence c'est celle de la langue. Or, s'il y a du temps pour se taire, il y en a pour parler : Chaque chose en son temps et selon les talents confiés à chacun. Quand Joseph s'exprime, eu égard au contexte social, ce n'est pas en manquant d'intériorité mais pour ne pas se singulariser et attirer outre mesure l'attention. A la découverte d'un prince discret (P. Francis VOLLE C.P.C.R.) Editions Joyeuse Lumière, 21 bis rue Dareau, 75014 Paris, Tel. 01 45 81 08 73