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UN HOMME COMME IL Y EN A PEU,
COMME IL NY EN A POINT,
COMME IL NY EN A PLUS.
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L'HOMME QUI RESPECTA SA FEMME
Drôle de titre. De qui et de quoi s'agit-il ? Quel est donc l'homme marié qui ne respecterait pas sa femme ? Et en quoi celui qui le ferait serait-il si glorieux?
Vous n'y êtes pas 1 Il ne s'agit pas d'une réserve quelconque, encore que celle-ci de mari à femme, soit toujours chose digne et juste, l'état conjugal le requérant plus que tout autre. Et il n'est d'ailleurs pas question de celle qu'implique la seule chasteté propre à cet état.
Alors? Nous voulons parler de saint Joseph fiancé puis jeune époux de Marie. Jeune ? Bien sûr, car c'est dans les . 20-25 ans que se mariaient alors ses compatriotes et qu'il n'y a pas de raison de le distinguer d'eux quant à l'âge de sa décision nuptiale. Pas de raison non plus de le dégager des exigences ordinaires du combat de la continence. Il est jeune, sa femme aussi. Il est pur mais sa femme est extrêmement belle. J'allais dire attirante et c'est vrai aussi. Elle respire la chasteté, la piété, la modestie vertus qui sont aussi chez lui - et ceci sera le seul modérateur naturel de leur penchant réciproque. A l'intérieur, il est vrai, d'un climat social pétri d'une rigueur pudique.
Pour la Vierge, même avant l'Annonciation, il ne doit pas y avoir grand effort à faire pour cultiver l'amour pour son fiancé à l'intérieur du plus pur amour de Dieu. Aucun même, l'équilibre parfait de sa nature étant assuré par la plénitude de grâce de son Immaculée Conception. Pour Joseph rien ne nous autorise à écrire que les choses sont aussi faciles, ce qui rehausse sa vertu.
Il apprend de Marie qu'elle a conçu miraculeusement et il la croit sur parole, à moins que ce ne soit lui qui fasse part spontanément de la révélation dont il a été favorisé par l'ange. Sa femme est la mère du Messie. Un nouvel et immense respect l'envahit. Il n'est pas besoin de texte scripturaire pour comprendre qu'il ne la touchera pas. Jamais. Ni avant ni après la naissance de l'enfant. Le bon sens y suffirait pour l'affirmer. Qui oserait ? Nous avons, de plus, affaire au plus pieux fils qu' ait porté Israël. Et au plus aimant et délicat des maris.
Joseph est par excellence l'homme qui respecta sa femme. Il lui offrit comme à Dieu, et sans parole vraisemblablement, le sacrifice du non exercice de sa virilité génitale. Sans parole encore sans doute l'oblation fut agréée, avec une immense reconnaissance de la part de Marie..., et par Jésus enfant ou du moins adolescent lorsque sa conscience humaine s'ouvrit à ce genre de problème.
Joseph qu'on se représente si souvent comme un homme amoindri est en réalité le plus admirable des maris et des pères. Sa retenue est la source, après Jésus célibataire dans la plus parfaite sainteté, de toutes les énergies qui font les garçons et les maris chastes. Il est l'homme qui respecta sa femme dans des conditions héroïques pour que d'autres puissent aussi le faire au besoin dans des circonstances moins exigeantes et différemment.
L'HOMME QUI GARDA LE SECRET
Dans toute existence d'homme la discrétion s'impose et les circonstances demandent parfois la garde d'un secret. Il est notamment des professions qui l'exigent impérativement et l'histoire est pleine de cas où c'est au prix de la vie, de l'honneur, de la liberté que l'on s'est tu. On pense à ces " métiers " périlleux que sont l'espionnage ou le contre-espionnage, l'art militaire ou la diplomatie, mais aussi à un degré de risque moindre, tant et tant d'autres professions : médecins, notaires, avocats etc. ... Sans parler du prêtre absolument tenu par le secret de la confession.
L'homme qui garda le secret ? Mais il y en a donc d'innombrables à répondre au " signalement. " Aussi bien voulons-nous sortir des cas ordinaires. Il s'agit de l'homme détenteur du plus considérable des secrets, du plus révolutionnaire, du plus lourd. Il s'agit de saint Joseph abritant sous son toit celui que tout un peuple, pour ne pas dire tout un monde, le monde entier, attendait, dont on scrutait l'arrivée sur les horizons, et dont tout le monde parlait : "Il viendra ici, là... Il sera comme ceci, comme cela..." Joseph entendait à la synagogue ce que prêchait Monsieur le Rabbin, il prêtait l'oreille aux propos des gens sur les places ou sur les routes, il savait ce qui se disait de lui à Jérusalem... Or celui qui était l'attente des nations vivait sous son toit... La Mère glorieuse du Messie était sa propre épouse. De cela il ne disait rien, prenait garde de ne rien dire...
Nous admirons les professionnels sacrifiant les biens plus haut énumérés: vie, honneur, liberté aux exigences du secret de leur état. Nous admirons tel ou tel favorisé de grâces divines (la plupart des voyants lors des Apparitions célestes de l'histoire religieuse moderne) mais que cela est peu de chose à côté de la vertu dont fait preuve saint Joseph en son silence! Car son mutisme est complet. Et il le paie cher. Tout comme Marie et Jésus lui-même aussi longtemps qu'il s'impose. C'est l'anonymat, c'est l'exil, c'est le travail de tout le monde alors qu'on n'est pas comme tout le monde.
Merveilleux saint Joseph, l'homme qui garda un secret en des conditions héroïques pour que d'autres puissent aussi le faire au besoin en des circonstances moins exigeantes et différemment.
L'HOMME QUI RESTA DANS L'OMBRE
Il n'est pas donné à tous d'être brillant. La plupart des hommes traversent l'existence sans faire parler d'eux. Non pas qu'ils n'y prétendent mais c'est en vain, les qualités pour attirer l'attention en faisant défaut.
Mais il n'est pas donné à tous non plus de rester dans l'ombre alors qu'on pourrait se faire valoir. Ou plutôt cette position n'est pas de celles que l'on recherche d'ordinaire. Ils sont bien rares ceux qui acceptent de se mettre au deuxième rang alors qu'ils tiendraient honorablement le premier. Plus rares encore ceux qui sacrifient volontiers leur gloire potentielle à un autre.
Cela. arrive pourtant. On citera tel ministre attirant sur lui les critiques dirigées vers son roi et faisant remonter au contraire vers lui louanges et mérites. Il nous plaît, par exemple, de renvoyer à un cardinal Secrétaire d'Etat qui, tout exprès, se faisait la cible des choses désagréables destinées au Pape son maître, alors qu'il disparaissait pour le faire briller. Nous voulons parler du Cardinal Merry del Val et de saint Pie X.
Mais il y a mieux encore: un homme qui ne fit que rester dans l'ombre, protégeant de cette ombre aussi longtemps qu'elle était requise, celui qu'il avait la mission de couvrir ainsi. Puis disparaissant de la scène de l'histoire, afin de ne fausser en rien les regards, lorsque viendrait pour le même le temps de se découvrir. Nous voulons parler, bien sûr, de saint Joseph, le père virginal de Jésus. De Jésus " que l'on croyait fils de Joseph ", c'est-à-dire d'un modeste charpentier aussi longtemps qu'une vie cachée lui convenait. De Jésus que l'on regardera bientôt seul, Joseph étant mort sans qu'en parlent les journaux, lorsque s'amorcera le temps de la vie publique du Christ.
Joseph, l'homme qui eut pu se prévaloir de sa qualité de père légal et réel en un sens, du Messie, fils de Dieu, et qui n'en dit rien, qui resta dans l'ombre, qui ne fut qu'ombre. Plus glorieux car plus saint qu'Abraham, Isaac et Jacob, plus glorieux et plus saint que l'autre Joseph, vice-roi d'Egypte, mais qui ne fut qu'un artisan de village, sans relief aux yeux des hommes.
L'homme qui mit sa gloire à la cacher dans des conditions héroïques pour que d'autres puissent aussi le faire au besoin dans des circonstances moins exigeantes et différemment.
Saint Joseph a d'autres titres de gloire. Les uns qui lui coûtèrent beaucoup mais sont dans tous les esprits tellement ils sont audacieux et spectaculaires, comme d'avoir été assez habile et rapide pour faire échapper les siens à la Gestapo d'Hérode. D'autres de grande importance mais qui ne lui coûtèrent rien comme de donner à Jésus son nom, sa citoyenneté, sa filiation davidique et même, s'il ne faut rien exagérer sur les difficultés de ce rôle, d'assurer la nourriture de la Sainte Famille... Mais on penserait moins du mérite de celui qui sut retenir sa tendresse et sa langue. Et pourtant... !
Le juste jamais ne chancelle, il est en mémoire éternelle... saint Joseph, un homme comme il y en a peu, comme il n'y en a point, comme il n'y en a plus.
Note : Dans cet article j'ai sacrifié au langage commun : " saint Joseph, homme de l'ombre. " Mais c' est le situer dans ma propre réflexion au cours du temps. Car j'en suis venu à penser maintenant tout le contraire, à savoir qu'il n'y a pas de motif de priver Joseph d'une certaine auréole sociale.
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A la découverte d'un prince discret (P. Francis VOLLE C.P.C.R.)
Editions Joyeuse Lumière, 21 bis rue Dareau, 75014 Paris, Tel. 01 45 81 08 73
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