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  SAINT JOSEPH, PERE NOURRICIER DE JESUS ?
Le point d'interrogation qui termine mon titre est destiné à attirer l'attention car il semblera de trop à mes lecteurs ordinaires. " Comment, on va se mettre à douter maintenant du rôle nourricier de saint Joseph dans la Sainte famille ? C'est un comble! "

Non, on ne veut en rien nier ce rôle, pas même le minimiser, encore qu'il me semble ne pas devoir admettre une accentuation trop forcée. Ce n'est pas sous ce jour que nous attirerons des admirateurs à notre Saint. Il a un métier, une femme qui l'aide, un seul enfant à sa charge, leur vie est frugale... Beaucoup de familles sont moins à l'aise que lui, à ne regarder que l'aspect matériel des choses.

Alors ? Comment fournir de la densité à un titre que la tradition catholique donne chargé de gloire? Essentiellement en le reliant au Mystère de l'Incarnation Rédemptrice, comme pour les autres attributs de Joseph.

Ce qui veut dire que la " nourriture " fournie n'est pas qu'aliment, elle est aussi " esprit de vie. " Dans sa lettre apostolique Custos Redemptoris Jean-Paul II donne là-dessus un éclairage qui fait réfléchir (N°16).

"La croissance de Jésus en sagesse, en taille et en grâce (Lc 2,52) s'accomplit dans le cadre de la Sainte famille sous les yeux de Joseph qui avait la tâche d' " élever ", c'est-à-dire de nourrir Jésus, de le vêtir et de lui apprendre la Loi et un métier, conformément aux devoirs qui reviennent au père... Ainsi Joseph nourrit celui que les fidèles devaient manger comme Pain de la vie éternelle. "

Laissant tomber d'autres aspects du programme, retenons ce qui correspond à la finalité fondamentale de l'Incarnation du Verbe: son orientation vers la Croix. Jésus est, déjà dans le sein de sa mère, puis en crèche, à Nazareth etc..., la victime de propitiation. Ses parents ne peuvent l'ignorer totalement, eux qui scrutent si attentivement les Ecritures, eux qui ont gravé dans leur cœur à tout jamais les mots prophétiques de Siméon et d'Anne, eux qui ont réfléchi, comme personne, sur certaines attitudes ou paroles étranges de leur enfant...

Celui que Joseph abrite dans sa maison et nourrit de son travail, c'est L'Agneau de la Pâque future. Quelle perspective!

Je ne veux pas être trivial, mais la comparaison vient à l'esprit avec les animaux que l'on engraisse pour la fête.

Et si, par hasard, pour les épargner, parce que Dieu ne voudrait pas introduire dans leur esprit une optique si tragique, si ni Joseph ni Marie ne savaient ou ne retenaient ce qui attend leur petit, la réalité demeurerait pour lui la même, celle d'une croissance vers la Croix s'intensifiant chaque jour, dans l'inattention générale.

Joseph, père nourricier de Jésus ? Assurément et de bien de façons insoupçonnées ou inexplorées...

Vous doutez de tout cela ? Eh bien, je vous invite à réfléchir sur la lecture qu'ont dû faire en commun Joseph, Marie et leur enfant du Texte de la Genèse rapportant le sacrifice d'Abraham (Gen.22). Inventez le dialogue Jésus-Joseph : " Dis, papa, quand Isaac, montant vers le Mont Moriah avec du bois sur son dos, a demandé à Abraham où était la victime pour l'holocauste, pourquoi on ne lui a pas répondu ? Dis, papa!... "

Inventez le dialogue et inventez la méditation qui suivit !

A la découverte d'un prince discret (P. Francis VOLLE C.P.C.R.)
Editions Joyeuse Lumière, 21 bis rue Dareau, 75014 Paris, Tel. 01 45 81 08 73