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  LE LAÏCAT CHRETIEN,
GARDIEN DU SACERDOCE
La proximité du mois de mars, traditionnellement consacré à saint Joseph dans notre Église, nous fournit l'idée centrale de cet éditorial : le peuple chrétien protecteur du sacerdoce, tout comme l'époux de Marie le fut de Jésus...

On a beaucoup écrit, dans les temps modernes, sur notre Patriarche et, il faut le dire, à partir de bien peu de donnée historiques sûres. Je vais continuer, d'ailleurs, mais dans une ligne qui n'est en rien fabulatrice.

En commençant par " tirer au clair ", si on ose dire, cette étiquette d' " homme de l'ombre " qu'on a coutume de lui accoler. Parce que sa mission première est assurément de préserver, le temps qu'il faudra, l'incognito du Verbe incarné, on va en faire un personnage falot dans son village. Que non pas ! Il est un artisan parmi d'autres artisans, avec même du " sang bleu " dans les veines; plutôt mis en relief par rapport à d'autres, donc. De toute façon, ce n'est pas un prestige éventuel, à lui tout seul, qui pourrait nuire à sa vocation, bien au contraire. Si le regard est sur lui, il sera détourné, au moins partiellement, de Celui qui est dans son dos. Plus un objet est large, plus son ombre est vaste, n'est-il pas vrai ? Nous savons tous, en changeant d'image, qu'on est plus attentif au dernier d'une compétition sportive, scolaire, qu'à l'avant-dernier. Joseph n'est pas dans l'ombre, à mon avis, mais il fait de l'ombre, c'est bien autre chose ! Et en cela, il sert la cause de Jésus.

C'est en tant que protecteur de son identité et de son cheminement premier (la vie publique) que nous le considérons ici.

Pour être un modèle et un appui pour les fidèles laïcs qui ont pour mission, vis-à-vis des prêtres, après les avoir mis au monde (procréation et éducation dans la famille), de les aider dans la fidélité à leur vocation. En tant, notamment, que protecteurs ou gardiens, au moins autant qu'eux-mêmes, de leur foi, et en tant que stimulants de leur ferveur. Avec influence réciproque évidemment.

Les clercs ont besoin qu'on leur rappelle qu'ils ont un rang à part dans le peuple de Dieu. Certains terrains, ceux notamment de la politique, et en général l'évangélisation du temporel " concret ", ne sont pas normalement, leur affaire.

D'autres, au contraire, plus liés au spirituel (mieux vaudrait dire à "l'éternel ") leur sont spécialement confiés. Qu'ils s'y tiennent ! Contrairement à d'autres époques, la nôtre connaît un détournement de fonctions, clérification du laïcat et sécularisation des prêtres. Lorsque des laïcs restent fermement dans leur domaine, s'opposant aux empiétements inclus des clercs, ils leur rendent service.

A l'intérieur de leur ordre même, les clercs sont efficacement stimulés à rester ce qu'ils doivent être par la bonne tenue des laïcs. Au-delà de ce qu'ils ont reçu en ce sens de leur environnement de départ (famille, école ... ), la foi dont ils ont mission d'être les gardiens, est souvent protégée par la solidité de leurs ouailles. Lorsque ceux-ci ne se laissent pas compter sornettes, manifestent, de bouche et d'œuvres, qu'ils veulent honorer leur baptême, combien de prêtres troublés par d'inadmissibles nouveautés, retrouvent la solidité de leur départ !

On peut élargir le constat à de vastes zones doctrinales et morales. Newmann, le grand cardinal anglais se plaisait à reconnaître le rôle majeur du laïcat chrétien lors de la crise de l'Arianisme. Alors, la foi de Nicée fut gardée bien plus vigoureusement par le peuple que par ses évêques, Papes inclus ! Désobéissance et entêtement face aux injonctions raisonnables de la hiérarchie sont des défauts, certes, mais parfois l'inertie agit dans un bon sens. Les laïcs, d'ordinaire et en général, sont moins fluctuants que les prêtres. Lorsqu'il y a affaissement, ils descendent moins vite et moins bas qu'eux. A l'imitation de la mer qui régule plus ou moins sa température sur ses côtes, le laïcat assure une certaine stabilité d'esprit pour le clergé. Ce n'est pas toujours et forcément désolant !

Ailleurs, nous parlons de l'influence heureuse que peuvent avoir de bons chrétiens en faveur de la pureté de mœurs de leurs pasteurs, et il n'est pas besoin de dire, tant cela va de soi, que cette influence est considérable devant la piété. Les laïcs fervents portent non seulement leurs prêtres dans leurs prières, mais ils les portent à la prière ! Disons un mot maintenant de l'impact sur leur ministère, et donc sur leur identité apostolique, des exigences de leurs ouailles.

À la différence de la pile Wonder, a-t-on dit plaisamment, un prêtre ne s'use que si l'on ne s'en sert... pas ! S'il n'est pas suffisamment " employé " par des pratiquants (indifférents aux sacrements, à l'enseignement, sans demandes de ministères, etc.). Le prêtre se sentira inutile. Il est au contraire protégé de cette tentation, souvent suicidaire ou tout comme, par le bloc exigeant de ses meilleurs fidèles !

Et saint Joseph là-dedans ? Nous l'avons considéré en tant que protecteur de la Sainte Famille, et d'abord de l'identité secrète de Jésus. Nous ne forçons pas la note en éclairant le laïcat sur la grandeur singulière qui lui revient en tant que rempart et gardien du sacerdoce; nous ne forçons pas la note en l'invitant à maintenir une telle grandeur sous le patronage de notre saint, laïc hors pair mais des nôtres ! Ici et là, on a " rempart et bouclier " Virgo fidelis, Pâques 2001

A la découverte d'un prince discret (P. Francis VOLLE C.P.C.R.)
Editions Joyeuse Lumière, 21 bis rue Dareau, 75014 Paris, Tel. 01 45 81 08 73