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L'APPRENTISSAGE DU METIER ET DU LANGAGE
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Jusqu'à douze ans, officiellement, on ne sait rien ou presque. Mais l'on pourra conjecturer.
On ne sait rien ni de ses joies, fui de ses peines, ni de ses jeux, ni de ses maladies d'enfant, ni de ces mille petits événements qui marquent le premier âge. Le peu dont on soit informé et qui concerne son apprentissage professionnel, on le sait à travers Joseph.
Joseph, qui est charpentier par tradition familiale, l'instruit dans le même métier. S'il agit ainsi, ce n'est pas seulement par ce souci qu'ont les parents d'assurer l'avenir de leur fils et par la satisfaction qu'ils éprouvent à se voir remplacés par eux dans la carrière qu'ils ont suivie. C'est également en vertu de raisons religieuses.
Pour les Juifs de l'époque biblique, et pour ceux qui, de nos jours, sont fidèles à leur tradition, le travail manuel est sacré. D'abord parce que tout travail l'est: " Celui qui gagne sa vie par son travail est plus grand que celui qui s'enferme oisivement dans sa pitié", disent les rabbins. Et précisant davantage: " L'artisan à son ouvrage n'a pas besoin de se lever devant le plus grand docteur. "
Même les rabbins ou les prêtres doivent exercer un métier en plus de leur ministère . " Procure-toi un métier à côté de l'étude ", dit le commentaire rabbinique de l'Eccelésiaste et le Talmud confirme que hiérarchiquement le travail est supérieur même à la pratique religieuse : "Plus grand est celui qui se rend utile par le travail que celui qui connaît Dieu".
Le travail dont il s'agit n'est pas un travail intellectuel ou abstrait : " Le plus beau travail est le travail de la terre ; quoiqu'il soit beaucoup moins profitable, déclare encore le Talmud, il doit être préféré à tout autre. "
Les docteurs en Israël antérieurs à Jésus ou contemporains de sa vie, de même que leurs successeurs, ont appliqué ces commandements. Hillel a été bûcheron, Rabbi Yehouda boulanger, Rabbi Yohanan cordonnier, jusqu'à Saül de Tarse, apôtre du christianisme, qui sera fabricant de tentes (Actes des Apôtres, X-VIII-3).
Il ne suffit pas d'exercer un métier ; il faut le transmettre à ses fils. Le Talmud, là encore, se montre formel : " Aussi bien qu'on est obligé de nourrir son fils, on est obligé de lui enseigner une profession manuelle. " Et, allant plus loin et plus fort: " Qui n'enseigne pas une profession manuelle à son fils, dit-il, est comme s'il en faisait un brigand, "
On comprend alors que Joseph a pris Jésus pour apprenti, sans doute dès son plus jeune âge, et que plus d'un siècle plus tard Justin martyr ait encore entendu parler en Palestine des charrues, sorties de l'atelier de Joseph, que Jésus aurait fabriquées.
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A la découverte d'un prince discret (P. Francis VOLLE C.P.C.R.)
Editions Joyeuse Lumière, 21 bis rue Dareau, 75014 Paris, Tel. 01 45 81 08 73
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