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  LA VIE CACHÉE DE NAZARETH? HUM!
Si Dieu voulait pour son Fils incarné un style de vie n'attirant en rien l'attention durant 30 ans et qui fût pourtant marqué par l'austérité et la piété, il n'avait qu'à le faire naître dans le peuple juif dans un village retiré, d'une famille sans relief trop signalé, "en ce temps-là "...

C'est ce qu'il a fait en lui donnant pour cadre social d'adolescence, d'une part le modeste bourg de Nazareth (" Que peut-il bien en sortir de bon ? " Jn 1, 46), d'autre part des parents travaillant de leurs mains, et cela au sein d'une atmosphère globale de religiosité. On est dans le peuple élu...

Tout le monde est pauvre à Nazareth. Jésus qui doit l'être pour servir de modèle à tous les besogneux de la terre, va donc l'être, avec tout ce que cela entraîne de frugalité de vie et d'humilité; sans se démarquer de son propre voisinage.

Tout le monde est pieux à Nazareth. Jésus qui doit l'être, au niveau externe à la façon de ceux de son entourage, pourra être " pratiquant " fervent, sans faire jaser sur son compte : ni trop, ni trop peu.

Tout ceci est à situer " en ce temps là ", c'est-à-dire il y a 2000 ans ! Là vie cachée du Christ a ce coloris. Ce n'est pas une vie cachée au fond d'une cave mais cachée dans l'anonymat. Ombre épaisse. Denses ténèbres.

Il y a pourtant un hic, un énorme problème, c'est celui du célibat de Jésus.

Là, il est impossible que les yeux de tout un voisinage n'aient été, pendant des années, braqués sur lui et sur ses parents. Car, à 25 ans au moins, tout bon juif est marié. Maudit soit celui qui à cet âge, n'a pas engendré, puisqu'il faut grossir les rangs du peuple élu.

Dès la fin de sa grande adolescence, le problème du mariage a dû être posé sur son compte. Non pas par lui - c'était résolu - mais par l'entourage. Par les pères de ces jeunes filles nubiles comptant pour elles les possibles prétendants (comptant sur leurs doigts, on est dans un petit village et il est mal venu de chercher au-delà.) Par les jeunes filles elles-mêmes faisant les yeux doux aux garçons, c'est leur droit... Il y a des propositions adressées à Joseph, une fois, deux fois, dix fois. Elles sont récusées une fois, deux fois, dix fois. Comment justifier les refus ? Quelle atmosphère cela va créer ?

Jésus devient " un cas. " Ce n'est pas à son avantage car il est inévitable que naisse à son encontre le soupçon d'impuissance, mais l'essentiel n'est pas là, il est dans le projecteur dès lors braqué sur lui. Ne parlions-nous pas de vie cachée ? C'est raté. Il faut à ce niveau, que l'enjeu en vaille la peine. Quel peut-il être si ce n'est d'une exaltation anticipée de l'excellence souveraine de la virginité pour le Royaume ? Jésus reviendra là-dessus plus tard: " Il y en a qui sont nés eunuques, d'autres qui ont été castrés, d'autres qui se sont rendus tels à cause du Royaume des Cieux " (Mt, 19, 12).

Si ma thèse est valable, je prie mes lecteurs de réfléchir sur la pesanteur des rapports nés de ce célibat à l'intérieur des habitats de Nazareth. Avec l'hostilité rejaillissant sur Marie et Joseph: " Dites, votre fils, etc. "

A la découverte d'un prince discret (P. Francis VOLLE C.P.C.R.)
Editions Joyeuse Lumière, 21 bis rue Dareau, 75014 Paris, Tel. 01 45 81 08 73