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UNE VRAIE COMPOSITION DE LIEU POUR LA SAINTE FAMILLE
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Les peintures de la Sainte Famille qui nous sont offertes habituellement sont un tissu d'anachronismes. Moins pour les personnages, encore que la mièvrerie s'en empare parfois, que pour le "décor". Que voyez-vous en effet ? Un atelier dans le genre de celui qu'occuperait nos artisans modernes, avec les outils du temps, certes mais vaste et bien éclairé. Ou bien une maison comme les nôtres d'Occident, avec nos meubles, nos calendriers ou ornements similaires. Que ne va-t-on pas chercher son modèle encore aujourd'hui chez les Arabes de Jérusalem , dans la vieille ville qui doit ressembler tellement, niveau habitat et échoppes, à ce qui fut le cadre de vie de Joseph, Marie et Jésus? J'ai eu la chance de naître et passer mon enfance dans un petit village très modeste de la montagneuse Ardèche. Quand j'y retourne à présent et qu'il m'arrive de passer la tête dans ce qui était, à mon époque, l'atelier du menuisier ou celui du sabotier (pour ne pas dire la salle de classe ou la cour de récré
ation de l'école), je suis stupéfait de l'exiguïté des dimensions et de la pauvreté extrême du contexte de travail d'alors. Ainsi devait être la maison de Joseph - grande comme un mouchoir de poche, avec des meubles de rien du tout, sans parler du lit fait d'une natte qu'on roule... A Jérusalem (et partout dans les pays chauds) on voit que la vie se passe plus dehors que dedans ; on cuisine, on mange volontiers sur le pas de la porte, et c'est là qu'on converse avec les amis, les clients, sans se priver d'éclats de voix à l'occasion.
Il n'y a donc pas à imaginer pour la Sainte Famille un cadre d'existence bien différent. Une certaine piété nous a appris à l'introduire dans un climat de tranquillité, de silence, d'harmonie, de paix... Comme s'il s'agissait d'un couvent. Bon sang! Mais ce n'est pas en banlieue que Jésus va cacher sa vie, ce n'est pas non plus en étant introduit dans une famille de paysans passant leur vie dans les champs, ou de bergers (ça aurait pourtant été si symbolique par rapport à la Mission de Pasteur et si favorable à la méditation pour lui et ses chers parents), mais c'est en plein milieu d'un petit village du Moyen-Orient, dans une maisonnée d'artisans et par le fait même de commerçants. Il y a de la visite, il y a de la clientèle... Essayez de passer quelques heures avec les émigrés portugais ou siciliens qui habitent dans nos murs actuellement et vous comprendrez mieux le "climat" qu'ont connu les membres de la Sainte Famille de Nazareth... A se demander à cause de l'agitation ambiante e
t de l'absence de conditions d'intimité comment ils pouvaient être des contemplatifs "au carré". A moins que vous n'imaginiez une pancarte sur la porte de l'atelier avec le genre de mots qu'on voit dans les couvents ou chez certains spécialistes: Ici clôture. Silence obligatoire. Reçoit sur rendez-vous. Prière de laisser un message si patron occupé...
Combien je me suis réjoui en apprenant que la retraite du Père de Foucauld à Tamanrasset et surtout à Béni-Abbès s'accommodait, pour lui avec les soins donnés aux voisins et malades. Il recevait ainsi de 50 à 60 visites par jour. Cela ne l'empêchait pas d'être un contemplatif ni un homme de prière, surtout la nuit, mais donne le coloris de sa vie d'oraison. Ainsi faut-il voir, avec plus ou moins d'approximation, certes, ce que fut l'atelier de Joseph et le climat d'intériorisation de sa famille bénie.
Que disparaisse donc à jamais de nos esprits la représentation d'un Joseph artisan perdu dans sa prière, d'une Sainte Famille conversant de jour et de nuit sur les choses de Dieu, dans une maison ressemblant aux nôtres. C'est à un autre niveau qu'il faut situer les vertus que ces représentations imaginatives veulent suggérer : humilité, piété, intimité. Et que l'on cesse aussi de vouloir exalter " Joseph, nourricier de la Sainte Famille", à partir des soucis de son travail. C'est exagéré. Un bon ouvrier aime son boulot. Il s'en régale même. Et les dépenses de la famille n'étaient pas telles (un seul enfant!) Qu'il fallut pour y faire face crever à l'ouvrage. Joseph tire essentiellement sa grandeur des finalités de son œuvre, la Rédemption par Jésus son enfant. Il n'y a pas à vanter telle ou telle vertu chez lui hors cette perspective, surtout en la dénaturant par un faux contexte.
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A la découverte d'un prince discret (P. Francis VOLLE C.P.C.R.)
Editions Joyeuse Lumière, 21 bis rue Dareau, 75014 Paris, Tel. 01 45 81 08 73
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